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Mauritanie
Ma première fois dans le désert mauritanien

Le par

Randonnée chamelière avec Manon dans le désert de l’Adrar © Manon Segret / Nomade Aventure

Que ressent-on vraiment lorsqu’on foule pour la première fois le Sahara, l’un des plus beaux déserts du monde ? Comment rester impassible face à ce lieu mystique qui « ponce les âmes » écrivait Théodore Monod ? Imaginez atterrir dans les sables de l’Adrar en Mauritanie… puis, suivre à pied une caravane de dromadaires à travers un océan de dunes pour gagner une improbable oasis où la vie s’écoule paisiblement… et, le soir venu, partager des histoires au coin du feu, sous le ciel étoilé. C’est ce qu’a vécu Manon, créatrice de voyages au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, chez Nomade Aventure. Partie là-bas en décembre 2021, dans le cadre du festival des villes anciennes, organisé cette année à Ouadâne, elle nous raconte sa fabuleuse aventure au pays des hommes bleus, et sa première expérience de voyage dans le désert, riche en émotions.

Aux portes du désert…

… à Ouadâne ! J’y suis restée 4 jours et j’y ai vécu un véritable voyage dans le temps et l’espace. Tout d’abord, pour rejoindre cette ville depuis Atar, le trajet de 3h est mémorable. Le 4x4 sillonne une piste caillouteuse le long d’un plateau désertique qui s’étire sur des kilomètres. Quand enfin, après avoir passé la spectaculaire passe d’Amogjar avec ses splendides montagnes tabulaires et ses gouffres, j’arrive dans ce village isolé, j’ai le sentiment d’être au bout du monde. Je pars ensuite me perdre dans le dédale des ruines de l’ancienne ville construite au XI ? siècle sur une colline rocailleuse. Elles sont les traces d’une civilisation passée, où prospéraient au temps des caravanes, des dizaines d’auberges destinées au repos des Berbères. Puis, je découvre avec entrain les diverses animations du festival organisées dans cette petite oasis tranquille… Accueillant plusieurs milliers de visiteurs venus des quatre coins du pays et de France, cette cité semble se réveiller d’un long sommeil. Un marché éphémère d’artisanat est installé pour l’occasion. De nombreuses soirées sont au programme mettant en lumière la culture mauritanienne à travers des spectacles de chants, de danses, de musiques ou encore de contes. C’est dans cette ambiance bien particulière, ponctuée par quelques retards et annulations d’événements, que j’ai compris le sens de l’expression « Inch’Allah ! » (« Si Dieu le veut ! »). Comme dirait un dicton maure « Où arrive la caravane qui se hâte, arrive la caravane qui marche lentement », les Mauritaniens ne se pressent jamais et n’ont pas le même rapport que nous au temps.

1) Ruines de la forteresse de Ouadâne - Région de l'Adrar2) Concert de femmes au festival des villes anciennes de Ouadâne en 2021 3) Spectacle au festival des villes anciennes de Ouadâne en 2021

Contempler un océan de dunes…

Après 4 jours animés, c’est au rythme lent des dromadaires que je quitte cette cité. Direction Chinguetti, accompagnée d’une chaleureuse équipe de chameliers, guide et cuisiniers. La méharée est lancée et je perce ces ergs infinis, les yeux perdus et émerveillés sur cette mer de sable à 360°. L’allure est tranquille et je profite à fond de cette immersion. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, et comme le disait si bien Théodore Monod : « Monotone le désert ? Monsieur veut rire ! », il n’y a rien de monotone dans ces paysages. La couleur du sable varie avec la lumière, qui passe de l’ocre au jaune pâle en quelques minutes. Le vent façonne la morphologie des dunes, les balaye et les renouvelle chaque matin, modèle leurs courbes voluptueuses : leur graphisme est parfait. J’aperçois à l’horizon les ombres fantasmagoriques des acacias qui survivent dans cet environnement hostile et parfois quelques flaques d’eau, mirages de l’esprit. De-ci de-là, les traces de pattes d’un petit rongeur furtif. Sur ce monticule, un petit scarabée tente de grimper. Je lève le nez et je vois passer un convoi de villageois avec leurs mules. Je le lève encore plus haut, et c’est toute une nuée d’oiseaux qui volent au-dessus de ma tête. Comme le Petit Prince (Antoine de Saint-Exupéry), en haut de ces dunes face à tout ça, face à ces immensités vierges de toute présence humaine, je réfléchis sur mon existence…

Le soir aussi, le spectacle est grandiose ! D’abord, le coucher du soleil qui est impressionnant car quand il descend pour rejoindre la Terre, ses contours sont gigantesques comparés à ceux que l’on connaît chez nous sous nos latitudes. Vient le crépuscule, les dernières lueurs du jour : ce moment entre chien et loup est plein d’une grande beauté. Puis, la lune fait son entrée. Elle est un véritable projecteur dans la nuit. Perdue dans cette infinité, je me sens toute petite en admirant ces astres me saluer. Sans oublier la voûte céleste et ses millions d’étoiles que je pourrais presque toucher du bout des doigts. Je m’endors littéralement plongée dans le cosmos.

1) Randonnée dans les dunes de l'Amatlich2) Bivouac dans l'Erg Amatlich3) Coucher de soleil au coin du feu entre Ouadâne et Tanouchert

Fouler un sable doux, chaud et très fin…

Marcher dans le sable est une sensation palpable très agréable ! Le sable dans le désert n’a rien à voir avec celui de la plage. Il est doux, sensuel, tantôt chaud, tantôt frais selon les variations de température. Il est tellement fin comme de la poussière. Quand je le prends dans la main, c’est comme une caresse. Quand je le foule pieds nus, il se dérobe et je m’enfonce comme dans une neige épaisse. D’ailleurs, le guide m’a appris à lire le sable, à repérer les zones meubles des zones plus dures afin de ne pas me tordre la cheville. Je tente aussi de belles glissades sur les pentes des plus hautes dunes. Autre sensation tactile des plus plaisantes pendant la randonnée : à mesure que le soleil s’élève dans le ciel, sur les coups de 10h, sa chaleur vient me réchauffer. C’est le moment de faire tomber la polaire, de mettre de la crème solaire et de s’enturbanner d’un chèche pour se protéger de ses rayons menaçants et des grains de sable portés par le vent qui s’immiscent partout : dans les narines, la bouche, les yeux, les cheveux.

Randonnée dans l'Erg Amatlich - Mauritanie

Écouter le silence du désert...

Ce qui me frappe aussi pendant cette marche dans le désert, c’est le silence. On est complètement enveloppé par celui-ci. Paradoxalement, c’est un silence plein de vie. Le désert me parle et respire. Le vent siffle dans mes oreilles, brosse les grains de sable qui bruissent, accompagné du son continu et feutré de mes pas. On m’avait aussi parlé du chant des dunes. Eh bien oui, les dunes chantent ! Quand le vent les caresse, elles émettent de fortes vibrations, un bruit sourd, similaire à un grondement. C’est assez magique à vivre tout comme les sons et murmures de la nuit : la veillée au coin du feu avec l’équipe. Attentive et profitant de ce moment de partage convivial, j’écoute, comme une enfant, les contes de Sid Ahmed, le guide et… je rêvasse. Loin du tumulte des grandes métropoles, loin de ma montre, sans réseau téléphonique, j’ai vraiment ressenti, à ces instants-là, une sensation de déconnexion totale tout en me reconnectant à la nature et à moi-même.  

Après deux jours de marche, une nuit sous les étoiles et de belles histoires d’éléphants et de souris, j’arrive à l’oasis de Tanouchert, située à mi-chemin entre Ouadâne et Chinguetti, le long de l'Herrour (ensemble d'alluvions et de torrents sous-glaciaires). Une vingtaine de familles vivent ici hors du temps et du monde. Bien installée sous la lueur de la grande khaïma (tente bédouine) du campement, j’assiste, en toute intimité, à un spectacle de danse traditionnelle organisé par la famille de Chibali, vieux monsieur d’origine griotte. En Mauritanie, les familles de griots sont celles autorisées à transmettre la culture des contes (ou art oratoire), la pratique musicale, l’histoire du pays et la généalogie.

1) Soirée au coin du feu dans l'Erg Amatlich 2) Dromadaire dans le désert de l’Adrar

S'enivrer des mille parfums de l’oasis…

Arrivée dans l’oasis de Tanouchert, je suis saisie par l’odeur de l’humidité qui s’évapore des gueltas (résurgence d’eau), par les effluves embaumants de la végétation luxuriante, les essences des fruits des palmiers et dattiers chauffés par le soleil, ou encore les senteurs de la brousse épineuse composée d’acacias, de mimosas et de gonakiés. Et puis, en flânant entre les petites habitations, à l’heure du souper, j’hume çà-et-là des fragrances épicées de cumin, curcuma et paprika émanant des tajines qui mijotent dans la marmite. Ça m’ouvre l’appétit !

Environs de Chinguetti dans le désert de l'Adrar

Se régaler avec les saveurs locales…

Pendant ces deux jours de randonnée dans le désert, j’ai beaucoup aimé les repas partagés avec l’équipe, assis sur la natte sous la tente. C’est là qu’on saisit l’importance d’appartenir à un groupe qui définit bien l'âme des Maures. C’est lors de ces soirées que je découvre, avec bonheur, comment cuisiner le pain à même le sable sur les braises chaudes. C’est un régal. Pour l’accompagner, on me sert en général une chorba, une soupe de lentilles ou de blé composée de viande de mouton, tomates concassées, épices, pois chiches, pommes de terre… Très nourrissant et succulent. Enfin, dans le désert comme dans les villages traversés, je n’ai pas dérogé à la tradition de la cérémonie du thé. Trois niveaux de préparation sont nécessaires pour obtenir les trois verres de thé qui diffèrent en goût. Pour honorer son hôte, on part toujours après avoir bu ses trois verres. J’ai beaucoup aimé ces moments de partage et d’humanité.

1) Pause déjeuner sous la tente dans le désert entre Ouadâne et Tanouchert2) La préparation du thé 3) Préparation du pain lors d’un bivouac dans l'Erg Amatlich

Rencontrer une population chaleureuse…

Tout au long de mon périple, j’ai été profondément touchée par l’âme nomade encore bien ancrée dans cette région, leur fort attachement aux traditions qui font d’eux des Hommes libres. Par exemple, à la fin du voyage, j’ai fait une rencontre merveilleuse avec l’illustre Sid Abou à Chinguetti. Il conserve des manuscrits centenaires dans sa bibliothèque familiale et transmet avec passion l’histoire de ce précieux patrimoine islamique. Les hommes des sables (accompagnateurs, chameliers, cuisiniers…), de véritables guides, passeurs d’histoire, ont été aussi très attentionnés envers moi et mes compagnons de voyage. J’ai senti chez eux un désir profond de me faire vivre une belle expérience. C’est très touchant et ça donne envie de revenir et d’en découvrir encore plus. Sans compter l’hospitalité incroyable des Mauritaniens croisés en chemin. Où que j’aille, j’ai toujours été très bien accueillie. Les gens sont curieux de savoir d’où je viens et qui je suis. Je perçois une réelle sincérité dans leurs regards et attitudes. Ils sont fiers de me faire découvrir leur pays et leur culture. J’ai compris également à quel point l’activité touristique est importante pour une grande partie de la population : que ce soit la petite marchande d’artisanat perdue dans son oasis ou le propriétaire de l’auberge rurale de Ouadâne.

1) Femmes en habit traditionnel au festival des villes anciennes de Ouadâne en 20212) Chinguetti et les bibliothèques familiales

Quand partir en Mauritanie ?
De fin octobre à fin avril, c’est la période idéale pour profiter d’un climat plus doux dans la région désertique de l’Adrar. Entre décembre et février, les températures oscillent aux environs de 28°C en journée et 10° (parfois moins) la nuit. Une polaire et un bon duvet suffisent pour passer une nuit confortable à la belle étoile ! Entre mars et avril, les températures augmentent autour des 30°C à 35°C en journée, et la nuit, autour des 13°C.

Courrez-y !

Je conseille cette destination les yeux fermés. Entre la sympathie des équipes, l’immensité de ce pays et la variété des paysages (canyons, ergs, oasis, villages…), un voyage en Mauritanie, dans le désert, est une expérience qui transforme, qui chamboule, qui fait grandir, qui fait du bien... Face à ce vide gigantesque, ces étendues de sable infinies qui poussent véritablement à l’introspection, vous changerez votre vision du monde. Peut-être, attraperez-vous, comme moi, le virus du Sahara…

Passe d'Amogjar

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