Mes vacances sont toujours posées un an à l’avance. C’est la règle au boulot. Je prévois le programme au fur et à mesure car je suis bien incapable de me projeter bien loin, mais là dans deux semaines j’ai mes CP posés et il serait temps que je m’excite car sinon je tournerais en rond à Paris. J’enclenche donc calmement, mais surement, le mode panique. Et en tant que professionnel zélé, je me pose les questions que je poserais à un client :
• Combien de temps ? 2 semaines.
• Quel budget ? Le moins cher possible, je suis fauché.
• Dans quel but ? Du sport, de la rando, de la découverte, du soleil.
• Quand ? Janvier / février.
Contre toute attente, je suis efficace.
Tout d’abord c’est le prix du billet qui m’a convaincu de partir dans les Caraïbes. En lastminute, le prix des billets s’envolent (elle était facile celle là), mais on trouve encore des prix très attractifs via l’une des 3 compagnies qui les desservent. Ensuite cela fait plusieurs années que la Dominique me fait de l’œil : c’est une île sauvage coincée entre la Martinique et la Guadeloupe, un peu connue pour son « lac bouillant », et en devenir grâce à son chemin de rando long de 185km, récemment inauguré : le Waitukubuli National Trail, ou WNT, pour les intimes. Nomade le propose partiellement (ou intégralement pour les grands malades) depuis 2012, date de son inauguration.
Et c’est la révélation, je tombe sur 1001 pas – Blog outdoor de toutes les aventures !. Il n’a pas 30 ans, et il vient d’avaler le WNT en solo. Son article ne parle que très peu de son aventure, juste comme une conclusion à son voyage. Je me dis que s’il l’a fait, je le peux, et surtout, ne détaillant pas son périple, cela laisse libre court à mon imagination, et à écrire ma propre version de l’histoire.
Billet réservé, je contact Pierre qui habite à quelques kilomètres au Nord de Roseau, la capitale. Ravi que je vienne tenter l’aventure, il me sera, lui et sa famille, d’une grande utilité logistique et d’un grand soutien moral. J’en profite pour les remercier chaleureusement ici.
Comme Piotr, je n’ai pas l’intention de détailler mes journées de trek, même si mon carnet de route regorge d’anecdotes, de récits, de rencontres, de descriptions, de difficultés rencontrées et de moments d’émerveillements durant lesquels le temps s’arrête. Par contre je peux vous dire que j’en ai bavé. Le WNT est long, TRÈS long, et on croise peu de monde sur ce chemin de rando. Je n’ai croisé personne sur certains segments. Par contre j’ai toujours rencontré dans les villages une population sympathique, et curieuse de voir un occidental s’aventurer au delà de la capital. Habituellement, les habitants voient les touristes sortir d’un titanesque bateau de croisière pour une journée de découverte, avant de repartir sur une autre île. Habituellement, le touriste a un bob sur la tête, un sac banane à la taille et une furieuse envie de ramener un truc typiiiiique de la Dominique, et il se le fait vendre une petite fortune, l’animal. Mais ce n’est pas mon cas.
Les dominiquais ont toujours traversé le WNT dans une tenue plus traditionnelle. Historiquement, c’était le chemin des Kalinagos, indiens originaires de l’île, pour traverser ses terres, mais également pour fuir la colonisation franco / anglaise. D’ailleurs les stigmates se portent encore sur cette ile. Donc un randonneur sur leur WNT suscite leur intérêt !
J’en ai bavé physiquement aussi. J’ai cumulé plusieurs « segments » par jour, pour avoir une moyenne dépassant les 10h de marche par jour. Et les dénivelés ne font pas semblant ici. Ce n’est que rarement plat, et surtout, le terrain n’est jamais facile. Il y a toujours des racines, des feuilles mortes, des pierres, de la mousse, des éboulis, de la boue… pour me faire tomber. Toujours. C’est infernal. J’en ai flingué un bâton de marche. C’était lui ou moi. Mais c’est aussi ce qui me laisse un souvenir impérissable de ce périple : une difficulté de chaque instant, empêchant de flâner en se baladant. On parle de trek ici, on regarde ses pieds, on utilise ses 2 bâtons (enfin, jusqu’à ce que…), on regrette d’avoir trop chargé son sac, on espère trouver rapidement le prochain point d’eau car on transpire des litres, on espère aussi que la pluie va s’arrêter, car le pire est la gadoue. Ca fait tomber la moyenne vitesse déjà faible à une allure ralentie (ma moyenne sur le trek ? 2,6km/h) !!! Et on arrive le soir, à la tombée de la nuit, à l’endroit de bivouac, chez l’habitant ou dans une des rares guesthouses de l’ile. Une Kubuli (la bière locale, quand c’était possible), un repas pantagruélique, et un dodo direct, il n’est pas encore 21h. Et un réveil car il faut se lever en même temps que le soleil pour repartir, toujours le mal aux jambes.
Et petit à petit, on se rapproche de la fin. La fierté monte, la délivrance arrive (ca fait du bien quand ca s’arrête) et le plaisir de compter chaque kilomètre parcouru. Etre fier d’avoir été un des premiers. Et la plage de Méro, planifiée pour les deux derniers jours, pour refaire ce bronzage agricole terrible (cou, avant bras, molets bien cramés, le reste blanc comme un poulet…), pour siester entre deux chapitres du bouquin que je n’aurais pas ouvert pendant la traversée. Et rentrer. Cette fois ci j’aurais eu ma dose d’aventure pour un moment. Les prochaines vacances seront sur un catamaran ou au bord d’une piscine, dans une capitale européenne, ou à New York tiens, je ne connais pas encore cette ville…
…Sauf que j’écris cet article un mois après mon retour… Et déjà, je cherche mon prochain trek. Tic tac tic tac. Il me reste deux semaines de CP en juin… mode panique !
Olivier
Un beau récit, j’espère avoir le temps dans quelques temps de poster mes expériences.
Pour le moment je m’entraine, il faut que je finisse de valider mes examens.
Je suis aussi une passionnée de trek ! La plupart était organisée en France. Les seules randonnées de montagnes que j’ai fait à l’étranger sont en Islande. J’ai notamment fait une randonnée sur le glacier Eyjafjallajökull qui était aussi très physique mais au moins on ne souffrait pas de la chaleur 🙂