Dans Coups de cœur, Interview

Nous accueillons aujourd’hui Pauline et Anthony, deux jeunes français qui ont décidé de se lancer pour un tour du monde. Deux voyageurs à l’esprit un peu baroudeur, que nous suivons depuis le début de leurs aventures respectives sur leur blog au titre évocateur : World In Progress.

Qu’est-ce qui vous a décidé à partir pour ce tour du monde ?

​Anthony
​J’ai toujours eu au fond de moi l’envie depuis plusieurs années de réaliser un tour du monde, ou plutôt un voyage de longue durée (PVT ou autres). L’été précédent le départ, j’ai passé un mois au Zanskar, une région du Ladakh perchée dans les vallées de l’Himalaya. Là-bas, j’ai pris conscience qu’à l’approche de mes 30 ans, j’étais lancé dans une course typique de parisien et je m’éloignais de mes envies et besoins. Aussitôt de retour après ce séjour, j’ai posé ma démission (l’année sabbatique n’était pas possible) et préparé avec Pauline ce qui allait devenir notre tour du monde quelques mois plus tard.

​Pauline
Tous les deux, on a toujours adoré être en voyage, et on a toujours beaucoup voyagé pendant nos vacances. Ce que j’aime dans le voyage c’est que le fait s’éloigner de sa zone de confort permet de mieux se connaître car on se retrouve sans repère et on doit s’adapter à un nouvel environnement, ça permet aussi de prendre du recul sur sa vie.

Faire un tour du monde long permet aussi de pouvoir prendre son temps. Après 6 années de rythme de travail intense dans le domaine de l’audit, je me suis rendue compte que j’avais plein de projets en tête et que mon mode de vie (la routine du quotidien et le rythme de travail intense) ne me permettait pas de les mettre en œuvre. Par exemple, je souhaitais faire une mission humanitaire, vivre au Ladakh pour en découvrir plus sur le bouddhisme, faire de la plongée dans des endroits reculés et paradisiaques, etc. Avoir plus d’un an pour soi et pour mettre en œuvre ses projets et pouvoir disposer entièrement de son temps est un luxe que je souhaitais m’octroyer.

Combien de temps pour préparer ce tour du monde ? A quel point le programme est-il établi à l’avance ?

​Anthony​
Il nous a bien fallu 3-4 bons mois pour préparer le départ. Toutefois il s’agit surtout d’une prise de connaissances, plus qu’une réelle planification. Nous avons choisi assez rapidement d’écarter tout billet tour du monde ​de nos choix car, justement, il était trop consommateur en temps de se renseigner sur l’ensemble des destinations que nous voulions visiter et sur les périodes de l’année possible. Si l’itinéraire était plutôt bien tracé sur la première partie (transsibérien et voyage jusqu’en Inde), le programme est globalement devenu de plus en plus spontané avec le temps au gré des rencontres et des envies du moment.

​Pauline
Je me souviens qu’on avait passé environ 6 mois à faire un itinéraire précis, avec un budget précis, à choisir l’équipement, à se renseigner sur les choses à faire, à faire les visa, etc… Mais avec du recul, je me rends compte que les choses se passent très rarement comme on l’a prévu (notre itinéraire a été complètement modifié, beaucoup de pays ont été enlevés pour pouvoir passer plus de temps dans certains pays) et qu’il est tellement mieux de se laisser aller au gré des rencontres sans trop planifier. La seule chose importante est le visa pour les pays où il faut faire les démarches de France (comme pour l’Inde). Aujourd’hui nous voyageons sans planning au gré des rencontres et des envies du moment.

Si mes calculs sont exacts, vous êtes à peu près à la moitié de votre voyage. Quels sont les moments les plus marquants pour l’instant ?

​Anthony​
Mes félicitations ! Cela fait en effet 306 jours (au 14 mars) que je suis parti, un petit peu moins pour Pauline, ce qui marque donc la fin de la première moitié de​ ce tour ! Les moments les plus marquants jusqu’à aujourd’hui ? Difficile à dire, mais globalement, ce sont les rencontres qui nous ont le plus marqué. Chaque pays a son lot de personnes merveilleuses, rencontrée pour une journée, pour un trajet en voiture, pour un trek ou pour une soirée sur le canapé. Le mois de volontariat dans le sud de l’Inde m’a clairement marqué et ouvert un peu plus l’esprit pour ce type d’initiative, les rencontres extraordinaires sur le transsibérien, notre ascension du Stok Kangri au Ladakh à plus de 6000m et dernièrement notre semaine de « woofing » passée sur l’île sud en Nouvelle Zélande avec un homme incroyablement généreux figurent pour sûr dans le haut du classement des meilleurs moments 😀

​Pauline
Voici les quelques moments qui m’ont particulièrement marquée depuis le début du tour :
L’arrivée au sommet du Stok Kangri (un sommet dans l’Himalaya de plus de 6000 mètres de haut). J’ai vraiment eu la sensation d’être sur le toit du monde quand on a atteint le sommet et une certaine fierté à l’avoir fait, à avoir tout donné. Avec Anthony, on s’est soutenus mutuellement tout le long. En arrivant en haut, je me suis mise à pleurer de joie, la vue était juste époustouflante.

La mission humanitaire en Inde du Sud auprès d’enfants des rue (avec l’association Navajeevan) : j’ai travaillé en tant que volontaire pendant 1 mois dans un centre de désaddiction à la drogue pour des adolescents ayant vécu dans la rue (mon rôle était de passer du temps avec eux, de donner des cours d’anglais, de sport, de les motiver) et cette expérience a été bouleversante, intense et émouvante. Le contact avec ces enfants m’a procuré énormément de bonheur car j’avais le sentiment de me lever le matin pour être utile à un noble projet.

Les plongées à Komodo, probablement parmi les meilleures au monde où une raie manta de 4 mètres s’est donnée en spectacle à 1 mètre de nous. Elle tournait sur elle-même, elle dansait, elle était si gracieuse, si belle. Et pour couronner le tout, elle a volé juste au-dessus de nous, elle est passée doucement à 10 cm au-dessus de nos têtes. Pendant ces quelques secondes, j’ai retenu ma respiration pour ne pas la déranger avec mes bulles. Et je l’ai observée s’en aller tel un aigle des mers. J’avais les larmes aux yeux. Dans ces moments-là, je me sens connectée à la nature de façon inexplicable.

Des endroits dans lesquels vous pensez déjà à retourner ?

​Anthony​
Le transsibérien était​ vraiment magique tant pour les rencontres que les paysages traversés. Pauline n’était pas encore de l’aventure à ce moment-là, du coup je compte bien y retourner lui faire découvrir ces lieux mais cette fois en hiver ! Sinon, j’espère bien creuser un peu plus la Nouvelle Zélande … A la veille d’en partir, j’ai le sentiment d’avoir survolé ses plus beaux paysages, désormais je souhaite y revenir pour en profiter à la mode locale, avec le VAN, les rangers et la tente !

​Pauline
Oui il y en a plein… d’ailleurs on prépare déjà le deuxième tour du monde ;). C’est vrai que j’ai souvent eu le sentiment de vouloir retourner plus longtemps à un endroit. Par exemple, j’aimerais bien retourner en Nouvelle Zélande et passer plus de temps à Nydia Bay, un petit coin de paradis où on s’était posés quelques jours chez une personne adorable qu’on avait rencontré en auto stop. J’aimerais aussi retourner en Inde et refaire de l’humanitaire dans l’association où on était allés. Et évidemment au Ladakh pour faire d’autres treks.

Et quelles étapes attendez-vous le plus pour la seconde partie ?

​Anthony
Difficile d’annoncer la ou les étapes que j’attends le plus de cette seconde partie … vu que rien n’est planifiée. On sait juste que l’on sera majoritairement en Amérique Latine / Amérique du Sud. Après 10 mois à parcourir le monde, je n’ai aujourd’hui pas d’attente particulière de la suite. Le hasard, la chance et la flexibilité des derniers mois nous ont permis de vivre des expériences que l’on aurait jamais pu planifier ! Voilà ce que j’attends encore plus pour ces prochains mois.

​Pauline
Après plusieurs mois de voyage, j’ai appris à ne plus rien attendre 🙂 En fait, je vis de plus en plus dans le présent, j’ai une idée de ce que j’ai envie de faire ou de voir mais je reste très connectée au présent, à ce qui se passe au jour le jour, sans avoir trop de vision sur le futur, et c’est bien mieux comme ça. J’ai hâte de découvrir l’Amérique latine (ce sera une première pour moi) pour sentir l’ambiance et y rencontrer les gens mais je n’ai aucune attente par rapport aux pays et aux endroits.

Vous voyagez avec trois petites mascottes : les N’Elephants et le N’Agneau. Pourquoi ? Est-ce que ça facilite les rencontres ?

​Anthony
Nos mascottes rencontrent un énorme succès partout où elles vont. Que ce soit auprès des gens que l’on rencontre (ou quelles nous font rencontrer dès qu’on les sort pour les prendre en photo quelque part) ou sur le site où elles font généralement pété le nombre de likes (on les jalouse un peu parfois ;-)​ Oui, elles ont plusieurs fois contribué à créer des rencontres, et elles ont même rencontré beaucoup d’autres mascottes !

​Pauline
Car ça fait des jolies photos où on voit autre chose que nous, pour mettre un peu d’humour sur le blog et pour faciliter les rencontres, beaucoup de gens ont eux-mêmes leurs propres mascottes donc ça crée le contact (aussi avec des enfants qui les trouvent jolies).

Quelle est la réaction la plus courante quand vous indiquez que vous êtes français ?

​Anthony
Impossible de passer pour autre chose qu’un français avec l’accent que l’on se ballade malgré tous mes efforts pour le faire disparaitre ! Généralement les gens nous apprécient et j’ai souvent rigolé dans les auberges quand des backpackers de tout pays m’ont demandé des conseils en cuisine … alors que je suis le premier à ne rien cuisiner à part pâtes et riz !

​Avec la Tour Eiffel, cette image nous colle vraiment à la peau ! Mais je préfère ça que les remarques me rappelant qu’on est aussi le pays des grèves :D​

​Pauline​
« Bonjour, comment allez-vous ? » En général, les gens nous disent les quelques mots qu’ils ont appris en français 🙂 Et sinon, on nous parle de Paris, la ville du romantisme, ou du fait qu’on mange des grenouilles.

Etes-vous pressés de rentrer en France ? Comment imaginez-vous le « retour à la réalité » ?

​Anthony
Pressé de retourner en France, moi, vraiment ? hmmm… j’avoue ne pas vraiment m’être penché sur ce sujet actuellement. Je savoure chaque journée comme si je devais rentrer le lendemain et n’imagine pas encore comment sera le retour à la réalité … s’il a lieu !​

​Q​ui sait, je resterai indéfiniment dans ce mode de vie​… jusqu’à ce que mon banquier me rappelle !
L’envie de crêpe Nutella pourrait aussi me faire succomber au retour …​

​Pauline​
Cela peut paraître étonnant mais je n’appréhende pas trop le retour, peut-être parce que je vis beaucoup dans le présent. Je ne suis évidemment pas du tout pressée de rentrer, car le voyage m’apporte énormément de choses que ne m’apportera pas mon quotidien en France : rencontres faciles, diversifiées et étonnantes chaque jour, beaucoup de réflexions sur le monde et sur soi, sensation de découverte, etc. Mais je me dis que chaque période de la vie est une étape qui a avantages et inconvénients et qui a dans tous les cas un intérêt. L’avantage du retour c’est la bonne nourriture française (les desserts français me manquent un peu), le fait de se sentir plus « utile » en travaillant et en gagnant son argent, et le fait que je vais retrouver ma famille et mes amis proches.

Suivre les aventures d’Anthony & Pauline sur leur blog

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