Dans Actus Nomade

par Lucie James / conseillère Libre & Nomade
Il y a des noms qui font rêver. On ne sait souvent même pas les placer sur une carte, mais la simple évocation du nom vous fait voyager. Tombouctou, Katmandou, Rio de Janeiro. Vous vous êtes dit un jour c’est moi qui serait là-bas. Et bien pour moi c’était Addis Abeba. Ce nom m’a toujours transporté sur les meilleures pentes de mon imagination. Je le trouve exotique, poétique et mélodieux. On est d’accord, par chance, il ne s’agit pas de la capitale de la Corée du Nord, mais bien de l’Ethiopie pays dans lequel, coïncidence, je rêve de promener mes jeunes os depuis belle lurette. C’est chose faite. Et malgré des expectatives ultra haut placées (et donc un voyage Ô combien risqué…), le résultat est encore cent fois meilleur…

Après 2 ans d’attente, de oui puis de non, le billet est acheté et le fameux ADD collé sur mon sac. Yann, conseiller Afrique m’accompagne dans l’aventure. Et quelle aventure… C’est parti pour ce qui va être le plus beau voyage de ma toute jeune vie.

Alors vous vous dites : c’est comment Addis ? et ba c’est une ville en pleine expansion comme il y en a des dizaines en Afrique. Un paradoxe de buildings en construction tenus par des échafaudages en eucalyptus. Un chaos de trafic, de coureurs, et d’effluves de café. Une ville sans véritable attrait mais qui s’avère en avoir plein les tripes quand on prend le temps de s’y attarder un peu. Une fois la nuit tombée, la ville s’anime, et le spectacle commence. Direction Casa Anchis, quartier idéal pour passer la nuit dans ses chaussures comme aiment à dire les locaux. Des bars avec de la musique live. Des azmari biets plus précisément. Du jazz éthiopien, de la musique populaire, de la danse et des duels de rhétorique en amharique. On ne comprend rien, mais on est vite pris par l’effervescence du lieu. C’est unique, drôle et gracieux. QUatre jours dans la capitale nous auront rendu Addis addicts. Addis quoi !

Mais la suite envoie objectivement plus de pâté. Après un passage nébuleux à Lalibela (autre nom qui fait rêver d’ailleurs !), cap vers le bout du monde : la dépression du Danakil. Située en dessous du niveau de la mer, cette région volcanique est considérée comme l’une des plus inhospitalières de la planète. Pourquoi ? Parce qu’il y fait 48°C en hiver et que le vert ne s’y est pas invité. Parce que le vent balaye tout sur son passage et qu’il est évident que toute vie est vouée à s’y dessécher. Lentement.

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Pour atteindre ce Paradis aux allures d’Enfer : des heures de 4×4 au travers de forêts de cailloux, de montagnes désolées et de désert. Tels des mirages, apparaissent de temps en temps des caravanes de sel formées de centaines de dromadaires chargés de cet or très produit local. Une cadence lente et constante qui permettra aux chameliers d’atteindre le marché de la capitale régionale dans 6 jours, inchallah. Quelle vie…

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Nous arrivons finalement à Amedila, sorte de bourg au cœur du néant. Pas de quoi réveiller Haussman, mais juste quelques habitations de fortune faites de bâtons et de toile, une immense antenne en guise de place des fêtes et dans un souci de folklore des éthiopiens aux dents limées. Voilà notre lieu de villégiature des prochains jours.

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Quoi d’autre ? Des nuit sous les étoiles du désert, éclairés par une lune aux proportions inquiétantes et bercés par un fond de groupe électrogène et un ballet de bouteilles en plastique : rien de très glamour à 1ère vue, mais pourtant si grisant de simplicité et d’humilité.

Mais ce que nous sommes venus chercher se trouve à quelques kilomètres de là. Un lac de sel, mais surtout le cratère du volcan Dallol, véritable excentricité de la planète. Après une marche au cœur de formations géologiques de plus en plus biscornues, nous arrivons sur un plateau aux allures de petit chimiste. Soudain face à nous des formes et des couleurs hors du commun se marient. Sources chaudes chargées en minéraux aux teintes fluorescentes, fumerolles, cheminées de sel, coulées de saumure, mousses de souffre, vasques sulfureuses. Déambuler là-dedans c’est poser ses pieds au pays des contrastes surréalistes… bluffant. Spectaculaire!

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Après ce laboratoire de la nature aux couleurs Stabilo, retour dans un camaïeu de beiges des plus envoutant. Un désert de sel, loin du blanc et du snobisme d’Uyuni. Des kilomètres de croute de sel, de sable puis de lave solidifiée que l’on défie impétueusement avec nos bolides. Ca cahote dur, la poussière vole. Un Paris-Dakar des grands jours. Ici tout est brut, sauvage et sans vie à 360°. La démesure de ce néant minéral procure une sensation de liberté enivrante. Il n’y a rien, quelle que soit la direction prise, le résultat est le même : sable et isolement ; terre et solitude ; roche et silence. Unique. Fascinant. Ça c’est de l’aventure.

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Et au bout de cette route : le volcan Erta Alé et son fameux lac de lave. Dites-vous que tout ce que vous aurez pu imaginer de cet endroit (et Dieu sait que j’y ai passé du temps) n’atteindra jamais la folie du lieu. Car il n’y a pas d’autre mot pour le décrire. Et la surprise est telle que tout le monde s’unie dans un chant d’onomatopées. Ça a été notre cas, entre cris et autres vulgarités nous sommes tombés nez à nez avec ce spectacle à la fois sensuel et explosif. Le chaudron de Lucifer, Les entrailles de la planète. On s’émerveille face à la grâce de cette danse de magma en fusion. C’est étrange d’être fasciné par quelque chose d’à la fois si beau et si violent.

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Après 4 jours éprouvants dans cette dépression nous retrouvons le confort d’une douche et l’intimité d’une chambre. La délivrance pour certains. Même si je ne boude pas un brin de toilette, je regrette déjà le minimalisme et la liberté des jours passés.

Encore difficile pour moi de mettre les mots justes sur ce voyage. Je parle ici de dix jours, nous sommes partis trois semaines. L’Ethiopie côté vie est tout aussi fascinante : les montagnes du Simien, les églises orthodoxes aux peintures naïves, Gondar, et que dire des Ethiopiens. Au-delà d’une grâce et d’une beauté évidente, ils ont en eux une fierté et une dignité touchante. Un peuple qui vit de rien et qui vous offre tout, à commencer par des échanges sincères et des sourires. Des vrais ; ça fait du bien. Mais ce qui me hante ce sont ces jours dans le Danakil. Ces jours à jouer comme des gamins dans un décor d’adultes. Ces paysages bruts et sans artifices. Ces nuits à la belle étoile et ces douches à la cruche. Simplement bon. On a rien et pourtant on sent que l’on a tout. Ce serait pas un peu ça la liberté ?

Bref. Un rêve de réalisé. Oui je plane.

voir notre circuit « Erta Alé, Dallol et Abyssinie »

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